« La couturière de la Pierraz »

Textes intercalaires

Écriture des textes : Jean-Marc Fonjallaz
Interprétation : Laurence Guenat

1) Texte – La force de l’amitié

Chants : La couturière de la Pierraz & Deux femmes

La vie d’ici se déroule tranquillement. Derrière les fenêtres, dans les demeures. Lentement, le matin, la lumière de l’aube se faufile dans les fermes et dans les maisons. Le mystère souvent est entier… Qu’y a-t-il derrière les portes, derrière les murs, une fois le couloir franchi ? Quels secrets ? Quels murmures ?
Très tôt, une lumière, discrète, s’est allumée dans la maison. Marguerite, déjà, est à l’œuvre… Le poêle est chaud. Le travail de la couturière avance ardemment. Il faut savoir se lever à l’aube tant la tâche est grande. Bientôt, il sera temps de laisser le travail en solitaire pour d’autres rencontres, d’autres temps partagés.
Marguerite a ses secrets. Son travail de couturière lui laisse le temps de la méditation, de la prière. Marguerite est une femme de l’âme, de l’intériorité, de la découverte, de la sagesse… par le temps qu’elle se donne. Lentement, ainsi, l’Evangile trace son chemin.
Et l’amitié aussi. Comme le chêne… l’amitié se construit, se solidifie. Le partage fraternel s’ancre au cœur de cette vie.
Entre solitude et amitié fidèle, Marguerite devient, peu-à-peu, lueur de l’aube au service de son prochain. Peu à peu, elle se révèlera.

2) Texte 2 – Un chemin partagé

Chants : D’Assise à La Pierraz & Un itinéraire

La vie est chemin… Pourrait-il en être autrement ?
Un pas après l’autre. Les pas de l’humain s’inscrivent dans les fidélités de ceux et celles qui nous ont précédés. Ces pas de fraternité permettent de dépasser les frontières, de s’ouvrir aux autres, de bousculer les murs des malentendus et des enfermements dogmatiques.
Ainsi est la marche de Marguerite… Formidable solidarité humaine, l’emmenant, pas après pas, vers ceux et celles qui lui sont proches.
Voici la marche de Marguerite, dans la profondeur de la communion humaine et des découvertes spirituelles. Se tracent alors des chemins visibles et d’autres, invisibles, au cœur des âmes et de ces fois ancrées, partagées, vécues en fraternité.
Dans ses cheminements intérieurs, Marguerite devient proche de François. Assise sur son banc, ou tissant ses tissus, dans son cœur et dans son âme, Marguerite est en route.
Déjà…
Par force de l’appel et de détermination intérieure, Marguerite se met en marche. 242 kilomètres, jusqu’à Einsiedeln.
Dans la précieuse abbaye, elle se ressourcera, emmenant avec elle, dans ses bagages, la pensée jamais oubliée de ses voisines, de ses voisins, de toutes les âmes du village et du monde. La prière, alors, monte vers le ciel.
Marguerite était-elle vraiment si loin de La Pierraz lorsqu’elle priait, là-bas, dans l’abbaye ? Marguerite était-elle si loin d’Assise lorsque, dans sa chambre, elle prenait ancrage dans la vie et le parcours de St-François ?
Lorsque je marche, sur les sentiers de ma région, mes pas, à mon tour, ancre ma méditation.

3) Texte 3 – L’enfance partagée

Chants : C’est Noël & Le festin de Marguerite

Au dehors, les enfants gambadent. Ils courent, traversent les rues, filent vers les bosquets, reviennent, repartent. Ils se moquent, s’amusent, se racontent, s’inventent.
Habits troués, éraflures, genoux marqués, visages burinés : la course des jeux du quotidien marque inéluctablement les corps et les habits. Et puis, il y a les travaux de la ferme. « Tu joueras plus tard ». Apprendre ? Cela viendra, aussi plus tard. Peut-être.
Marguerite est au service. Son sourire est accueillant. Patiemment, elle offre des lieux d’enseignement à nul autre pareil. Les enfants alors prennent place et écoutent… Car l’enfance est assoiffée, toujours. Apprendre, découvrir, nourrir son âme… Aucun enfant, d’aucune destinée, jamais, ne se privera de ces temps donnés.
Marguerite partage son savoir, lentement emmagasiné. L’attention est là, toujours. L’amour est là, toujours. Le partage construit, déjà chez les enfants, les fraternités de demain.
Au cœur de ce village aux milliers d’histoires, aux mille chagrins, aux mille devoirs… Marguerite est présente pour toutes et tous, sans apriori, sans jugement. Pas d’arrêt sur des images imposées, pas de refus pour d’injustes raisons. Juste être présente, pour accueillir et réconforter.
Chaque homme, chaque femme est frère ou sœur, de l’une, de l’autre. Peu importe les éraflures et les genoux marqués. Seul l’amour compte ! Aujourd’hui est semblable à hier.

4) Texte 4- L’oiseau chante au féminin

Chants : Mots d’elle ! & Dessine-moi une âme

Entrons dans la danse de la vie ! Entrons dans la danse des couleurs !
Découvrir ! Découvrir encore et toujours !
Regarder le monde, plonger dans les abîmes des raisons de vivre… Se réjouir, encore et encore… Fêter, exulter ! Et puis… gagner en profondeur.
Croire en l’humain, croire en la destinée. Avoir l’espérance chevillée au corps. L’espérance d’un lendemain qui chante, qui se fait bouquet et réjouissances…
Croire… Croire encore et toujours ! Et s’imprégner de cette lumière éternelle… Être alors femme, en équilibre sur tous les possibles.
Devenir et rester passerelle, force de vie, de douceur, d’ouverture…
Être femme, de tout son être.
Elle n’avait pas de prétention, ni menterie, ni vanité. Seul le mystère a de la voix.
L’oiseau chante. L’âme se réjouit. L’espérance, encore, construit son chemin.

5) Texte 5 – La musique et l’âme

Introduction à la pièce solo de la fanfare

La musique est insaisissable. Festive, nostalgique, dansante… Elle gambade dans la campagne et dans les églises, à travers toutes les collines.
De toutes les circonstances, elle nous appelle, nous interpelle, nous rassemble. Toujours et encore.
Reflet de l’âme humaine, elle est sa meilleure interprétation. Harmonieuse ou dissonante, elle est le miroir de nos quotidiens.
Parfois louange, parfois invective, souvent rageuse ou apaisante, elle visite nos quotidiens et nos humeurs. Sans parole, elle se déclare.
Elle nous entraîne dans nos divagations ; elle favorise nos chemins de pensée.
La musique, toujours, est la couleur de l’âme.

6) Texte 6- Une sœur, sainte et témoin

Chants : Une sœur & Ta prière monte vers l’infini

Marguerite a marché aux côtés des pauvres, des sans espoir, des rejetés de toutes sortes. Elle les a accompagnés ; elle les a aimés ; elle les a rencontrés. Sœur de toutes et de tous, elle a su faire de son engagement un enseignement.
Parfois, elle a dû tenir tête, s’affirmer, poursuivre son chemin, encore et encore.
Obstinée (parfois), elle a su nourrir son âme et son engagement au creux de la vie du Christ. Jusqu’à en porter les stigmates.
Témoignage de cet amour partagé, Marguerite est devenue Sainte Marguerite Bays ! L’aurait-elle vraiment voulu ? Il est possible d’en douter…
Mais voici : c’est ainsi, pour que d’autres, à leur tour, dans cette contrée, puissent entretenir leur espérance, et leur goût pour l’amour du prochain.
Elle a certainement souhaité transmettre ce qui était si important pour elle : l’amour de Dieu révélé au monde.
Devenant Sainte Marguerite Bays, elle continue d’être témoin de cette espérance profonde. Sa prière laisse entendre, en écho, un Gloria jouissif.
La prière de Marguerite peut maintenant monter vers l’infini, pour scintiller parmi les étoiles !

Laurence Guenat

Photos : © Fred Betticher